Première étape : la prise de photos. « Quand tu prends une photo, tu n’as pas tout vu, tu n’as même rien vu, après quand tu développes ta photo ou que tu l’agrandis, tu découvres plein de détails qui t’ont échappés », explique Jacques. L’objectivité de l’objectif photographique permet de restituer des détails qui échappent à l’œil humain. « La photographie, avec ses auxiliaires que sont les instantanés, les agrandissements, montre ce qui se passe. Elle seule nous renseigne sur cet inconscient visuel, comme la psychanalyse nous renseigne sur l’inconscient pulsionnel », écrit Walter Benjamin dans sa Petite histoire de la photographie. Michelangelo Antonioni en a fait un film : dans Blow up, le héros découvre un meurtre en agrandissant une des photos. Ce medium permet également d’introduire la dimension du temps à la peinture, qui par excellence, est un art de l’espace. Il s’agit du temps de la prise de vue, de la fraction de seconde du déclic, la mémoire de l’instant bien sûr, mais aussi du moment ou la transformation sur ordinateur révèle l’image.

La seconde étape, le choix de la photo, peut s’avérer très longue, à tel point que Jacques Asserin la compare à un travail d’archéologue… On pense plutôt à un détective : armé de son logiciel de traitement d’image et de la loupe de son ordinateur, il scrute ses clichés comme Sherlock Holmes traque les indices. Il les agrandit, ou non, les transforme, ou non ; c’est selon son humeur, un choix presque dû au hasard, il ne s’impose pas de critères.

Jacques Asserin passe ensuite au stade de la reproduction sur la toile et se revendique peintre dans son acception la plus classique du terme, à savoir qu’il imite la nature, ou du moins les clichés de la nature. Pour les premiers philosophes occidentaux, l’imitation, la mimésis en grec ancien est la condition indispensable pour l’émergence du beau.

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